Le mariage étonne. Des kimonos en tissus wax, des sculptures africaines laquées de 800 couches rouges par les artisans de l’empereur du Japon, des performances inspirées des cérémonies du thé en présence d’un esprit au masque tribal, des danses shintô-butô… Serge Mouangue, qui a fait ses classes à l’ENSCI (École nationale supérieure de création industrielle) puis au Studio Creative Box de Renault/Nissan à Tokyo, fonde en 2008 Wafrica. Wa, mot le plus ancien du Japon “ harmonie/ paix” à l’origine un idéogramme chinois, se poursuit en africa. “Provoquer une discussion, générer une réflexion entre ces deux imaginaires perçus comme opposés. Pourtant il y a de nombreuses similitudes : deux cultures très animistes – il y a un esprit dans l’arbre, dans l’animal, le caillou -, un système très hiérarchique – dans le village un chef, dans le clan un shogun, l’immense respect pour les anciens…”

Serge Mouangue le prince du Kimono Africain la sublime liaison entre Afrique et Asie 1

Pour son premier acte, Serge Mouangue frappe fort. Il s’attaque à une des plus importantes icônes du pays de Soleil Levant : le kimono, 13 mètres de long sur 38 centimètres de large. Il le conçoit dans les règles de l’art avec des couturiers japonais mais en tissu africain. Les défilés qui s’ensuivent libèrent la parole et les attitudes. “Les femmes africaines sont fières de voir cette élégante destination du wax et certaines Japonaises qui refusaient de porter le kimono, signe d’une certaine soumission, le revêtent dans cette autre version. Dans les deux cas, Wafrica redéfinit l’idée de l’origine, de la tradition et le fantasme de l’identité pure. Mon objectif est de faire découvrir le noyau d’universalité que nous portons tous.”

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À travers ses créations mixtes, le créateur tisse des savoir-faire ancestraux. Les artisans africains travaillent la structure, le bois, la fibre, et leurs alter ego japonais la texture, la laque de ses personnages nommés “frères de sang”. Quand il les dévoile à New York, les conservateurs veulent les acquérir. “Heureuse surprise, la tentative d’achat des “Blood Brothers” à 420 000 $ par le musée d’Art et de Design de New York en 2011. Les experts et curateurs s’appuient sur le fait que cette oeuvre représente la première rencontre entre l’Afrique et le Japon dans l’histoire de l’art. ” Il souligne l’importance du processus créatif : “Le foisonnement de la création en Afrique est millénaire, cela vient du mode de vie, le peu de matières disponibles exacerbe les idées, contrairement au Japon qui est innovant dans le modèle existant, le perfectionnement.” Ses kimonos ouvrent les pans à de nouvelles valeurs. À arborer.

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